Journal de Jean Pierre & Anne Laure

Première Expérience en Inde

« L’Inde m’a changée »

ANNE-LAURE

Mon premier voyage en Inde date de l’hiver 2005. Je ne m’attendais à rien de particulier ; c’est même le seul voyage dans lequel je ne me suis jamais projetée avant le départ. Je ne connaissais rien au pays ni à la culture, à part ce que mon mari m’avait partagé de son précédent voyage et de ses études en Yoga. Je n’ai même pas ouvert un guide touristique.

Je suis donc arrivée dans ce pays totalement neutre, sans rien attendre que de découvrir autre chose, et vivre une expérience avec l’homme que j’aime. Et je me suis prise une claque : de sourires immenses, d’accueil plus chaleureux que je ne pouvais l’imaginer, de couleurs flamboyantes, d’odeurs fortes — douces — sucrées — épicées, de saveurs piquantes, de rythme percutants, d’histoire millénaire et de foi profonde !!!

Nous avons parcouru pendant un peu plus d’un mois juste quelques régions du sud de cet immense pays, et chaque fois les sourires, l’accueil, les musiques et danses, les chants, les odeurs et les saveurs sont entrés en mois, pour infuser avec force, et ne plus jamais sortir de mon cœur et mon esprit. Un véritable coup de foudre !

Tout le monde le dit : “L’Inde ne nous laisse jamais indifférents. On aime ou on déteste.” Pour moi, ce fut une évidence : celle du cœur et de me sentir à ma place dans ce pays.

« En Inde, on perd tous ses repères. »

Rien ne ressemble à ce qui nous équilibre et nous rassure habituellement. Nous y sommes bousculés, chamboulés, tourneboulés dans ce mouvement perpétuel de la vie grouillante, sonore est odorante indienne. Je me suis laissée emportée, et quand tout s’est apaisé, car tout s’apaise à un moment donné, j’ai pu voir et apprécier le trésor qu’est ce pays. Oui, c’est bruyant, oui, il y a du monde, oui, les routes sont pourries, oui, la nourriture nous donne le feu à chaque bouchée, oui, les odeurs sont parfois insupportables ou tellement enivrantes, oui, il y a énormément d’inégalités et une telle pauvreté parfois… mais rien n’y a fait, je suis tombée en amour avec ce pays.

Ce premier voyage a donc été pour moi le début d’un grand chamboulement intérieur…

Depuis ce jour, j’ai compris, expérimenté, et vis encore aujourd’hui, ce qu’est réellement l’ouverture à l’autre, à la différence ; j’ai ouvert mon esprit à une philosophie de vie – de pensée – d’amour – de bienveillance, bien plus grande que ce que je pouvais déjà avoir reçu dans mon éducation et ma façon de vivre et me construire. Cela grâce à chaque rencontre, chaque sourire échangé, chaque parole reçue, chaque temple visité, chaque partie d’histoire de ce pays (et il y en a de l’histoire !) mais aussi grâce à la découverte de la langue Tamil, une des plus ancienne langue au monde encore parlée aujourd’hui (née il y a plus de 3000 ans). Cette langue qui me paraît être la mienne, et que j’étudie depuis plusieurs années.

Depuis cette merveilleuse expérience ma vie a changée. L’Inde m’a changée et continue de me faire avancer, évoluer chaque année où nous y retournons. Et c’est le plus beau cadeau que mon mari m’ait offert !

Tout est lié, il n’y a pas de hasard.

Anne Laure


« J’ai donc connu l’Inde avant de connaître le Yoga. »

Jean-Pierre

Paradoxe pour un futur professeur de Yoga, mon premier voyage en Inde et au Népal en 1992 n’avait nullement pour but de m’initier à cette discipline, puisque j’y allais avant tout pour découvrir les merveilles de la vallée du Gange, et profiter de 3 semaines de trekking au Népal.

Certainement qu’à mon insu une petite graine de conscience corporelle, respiratoire, et philosophique avait été semée par quelques clins d’œil de l’existence.

Je me suis mis seulement au Yoga après l’âge de 30 ans, en 1997, après un temps de recherche personnelle.

J’ai alors été conquis, ai pratiqué au quotidien, parfois même plusieurs heures par jour. Puis, sous l’impulsion de ma première professeure Hélène Teyssier, j’ai fais ma formation en 4 ans à l’EFYSE à Aix-en-Provence… et alors l’envie de retourner en Inde s’est faite de plus en plus pressante, mais cette fois-ci pour me former encore plus au Yoga et à son enseignement. 

2005 – Chennai – avec mon épouse, ma rencontre avec Patañjali, sa statue au Krishnamacharya Yoga Mandiram, tellement fasciné que j’en ai oublié de saluer Sir T.K.V Desikachar qui avançait vers moi, me voyant totalement pris en dévotion à Patañjali. Première rencontre avec le Yogi inoubliable !

Pour l’anecdote, un de mes professeurs français m’avait dit: “Vous verrez, ils enseignent des postures faciles”. Après ma consultation en Yoga Thérapie, je me retrouve alors avec Lhara, mon professeur indien, et commence les cours. On aurait dit de l’Ashtanga Yoga mélangé à du Iyengar : sauts en arrière — sauts en avant — sur les côtés — postures sur la tête — prânâyâma et beaucoup de postures intenses. J’ai été servi et ravi de ces premiers enseignements.

« Non seulement l’Inde a changé ma vision du Yoga, mais aussi mon rapport à la vie. »

Mais elle m’a appris qu’il y a toujours de belles surprises dans des moments que l’on préférerait éviter.

Au fur et à mesure des voyages, d’année en année, j’y ai scellé des amitiés plus profondes — intra ou extra Yoga – appris à connaître beaucoup mieux les différents États de l’Inde, en particulier de l’Inde du Sud par de nombreux voyages. Mais j’ai toujours fait le lien entre la vie de l’Inde, de ses temples, de ses traditions, de sa cuisine, et l’enseignement et la pratique du Yoga. Un peu comme deux bras qui se musclaient ensemble et en même temps.

Avec mon travail postural toujours plus intense au Krishnamacharya Yoga Mandiram, vint le temps des cours de récitations chantées des Yoga-Sûtra de Patañjali (195 sûtras que j’ai fini par apprendre par cœur), mais aussi des mantras et des chants védiques, à partir desquels j’ai pu beaucoup plus comprendre la richesse du Yoga.

Mais l’Inde n’est pas non plus qu’une partie de plaisir et d’enseignement par l’étude. J’ai beaucoup appris aussi de par les inondations de Chennai en 2015, qui ont paralysé la ville pendant 15 jours, jusqu’à l’aéroport et les voies ferrées, totalement bloqué dans notre hôtel avec mon groupe d’élèves. Voilà une bonne occasion de mettre le Yoga en pratique, et de transformer le déluge en moment de sérénité : finalement, pratique tous les jours dans la grande salle des mariages de l’hôtel qui nous accueillait, avec tout le staff à notre service. L’hôtel ayant totalement été déserté par les clients ne pouvant y accéder.

Le Rituel Brahmanique

Un de mes temps fort à Chennai était de me rendre tous les samedis matin aux commentaires des Yoga-Sûtra, faits par Sri Desikachar lui-même. J’arrive un samedi matin de 2009, comme à l’habitude, et là, personne ! Pas un élève occidental, uniquement Desikachar et son équipe pédagogique. Un de ses assistants me remet gentiment un verre d’eau. Commence alors toute une série de chants – rituels – prânâyâma – aspersion – que j’essayais de suivre au mieux, ne connaissant que le chant célèbre de la Gâyâtri. Mais de voir Sri Desikachar réaliser cela me parla beaucoup. Et je tentais, de retour à mon hôtel, d’en résumer sur papier les grandes lignes. 

Ce n’est que des années plus tard que je compris que j’avais assisté à un rituel Brahmanique, sorte de salutation au soleil faite de mantra et de prânâyâma utilisant également l’élément eau. J’eus la chance de recevoir à mon tour l’enseignement de cette Sandhyâvandanam par mon autre professeur, sir Janakiraman. Ce fut une révélation tant cette pratique s’avère complète et résume tous les ingrédients constitutifs du Yoga, le corps — le souffle — le son — la santé — la lumière — la purification. Krishnamacharya considérait ce processus, fait 3 fois par jour par les Brahmanes, comme la meilleure méditation.

En fait, et pour finir, le Yoga et l’Inde se sont unis à moi en enlevant toute dualité. En Inde il n’y a plus Jean-Pierre, il y a Jean (prononcez [djin]), sans pierre lourde à porter. Passé de Jean-Pierre à Jean [djin]. Passé d’un trait d’union à une union sans trait.   
Alors pour cela, MERCI l’Inde et MERCI le Yoga !!

Jean Pierre

1 réflexion au sujet de « Première Expérience en Inde »

  1. Bonjour à vous 2 !
    quelle joie de vous lire et merci de partager avec nous vos expériences de l’Inde . Cela me touche beaucoup .
    Les moments partagés à Montagny et ( à Chennai par les ondes) ont été et sont des moments importants et la graine semée s’approche de sa germination :).
    Je serai heureuse de partir avec vous , peut être l’an prochain . Alors je veux bien recevoir les informations utiles pour préparer ce voyage . Et si les astres s’alignent , çà le fera !

    En attendant , je reste avec vous par la pensée et le cœur pour cette fin d’année .
    Je vous embrasse

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