Bien moins célèbre que les fameuses postures (sana) dans la pratique du Yoga, le Prāṇāyāma (ensemble des exercices de respiration visant à contrôler le souffle), revêt une importance fondamentale pour les yogis et l’ensemble des traités fondateurs du Hatha Yoga. Comme le précisait Krishnamacharya, “de même qu’il ne peut y avoir de maîtrise de la respiration sans la maîtrise des postures, de même il ne peut y avoir de méditation sans la maîtrise du souffle”. En Hatha Yoga on ne peut atteindre l’état d’éveil directement sans passer par la case Prāṇāyāma.
Que veut dire le mot Prāṇāyāma ?
Prāṇa signifie en Sanskrit “énergie vitale”, sans laquelle il est impossible à la vie de se manifester. On retrouve cette notion en Chine avec le “Chi”, ou encore au Japon avec le “Ki”, par exemple.
Yama signifie “contrôle” – “réfrênement”
Ayama signifie “libération” : sans besoin de contrôle
Le Prāṇāyāma est la libération de l’énergie vitale (dans le corps), par la maîtrise du souffle.
Mais qu’est ce que pratiquer le Prāṇāyāma ?
- D’abord, le plus important, prendre un temps pour soi pour devenir conscient que l’on respire. En Hatha Yoga, la respiration se fera essentiellement par le nez. Cette prise de conscience respiratoire se faisant déjà dans les enchaînements et les postures.
- Puis, prendre le temps d’allonger son EXPIRATION, pour aller dans le sens de la détente.
- Puis, allonger son INSPIRATION pour renforcer sa vitalité en intégrant dans le corps plus d’énergie vitale ( le fameux Prāṇa)
- Puis, pouvoir placer des temps de suspension, sans effort, que ce soit “poumons vides” ou “poumons pleins”
- On apprendra également à observer le sens du souffle, qui respectera la physiologie du corps et du mouvement du diaphragme, lors de l’inspiration et de l’expiration.
- Nous découvrirons différentes techniques aux différents effets : la respiration Shitali, où l’on inspire par la langue, plutôt rafraîchissante et apaisante – le souffle Ujjayîn, qui permet d’allonger son souffle, tout en le rendant sonore et facile à suivre – la respiration alternée, qui nous fera nous concentrer tantôt côté narine gauche, tantôt côté narine droite – et une multitude d’autres techniques.
- Les élèves plus avancés pourront alors mettre en place des rythmes respiratoires qui seront soit plus relaxants, plus tonifiants, plus équilibrants.
Comment se pratique le Prāṇāyāma ?
- Dans une posture assise (Lotus – posture du sage – le diamant…), mais aussi sur une chaise pour un plus grand confort.
- En général après les pratiques posturales et enchaînements
- Au début, quelques respirations (pas plus d’une minute), puis au fur et à mesure de l’entraînement on parviendra à faire 20 minutes de Prāṇāyāma.
Mais à la seule condition que le corps ne souffre d’aucune tension musculaire et articulaire, et que le mental et les pensées soient toujours plus calmes. Sinon l’on obtient exactement l’effet inverse.
Il faut pratiquer les techniques respiratoires avec beaucoup d’humilité et de prudence. Car autant il est facile de se rendre compte qu’on a trop forcé dans une posture. Autant il est beaucoup plus difficile de mesure les excès éventuels dans la pratique du Prāṇāyāma. Comme le dit la Hatha Yoga Prâdîpika : “une bonne pratique du Prāṇāyāma peut soigner toutes les maladies, mais une pratique erronée peut engendrer toutes les maladies”.